Nous vous proposons ici de découvrir des ressources (interviews, publications, etc.) autour du thème de l’exposition « Homosexuels et lesbiennes dans l’Europe nazie ».

 

Livret catalogue de l’exposition Homosexuels et lesbiennes dans l’Europe nazie


 

 

 

Auteur : Florence Tamagne

52 pages, 78 illustrations

Prix de vente : 13 euros

En vente a la librairie du Mémorial de la Shoah

 

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La parole de Jacques Fredj, directeur du Mémorial de la Shoah

HOMOSEXUELS ET LESBIENNES DANS L’EUROPE NAZIE : DE l’OMBRE À LA LUMIÈRE

Le sort des homosexuels et lesbiennes pendant la Seconde Guerre mondiale a longtemps été méconnu, et largement ignoré du grand public.

Ce n’est que depuis quelques années qu’ont été publiées des recherches historiques de premier plan qui permettent d’en connaître davantage. Et c’est le discours de Lionel Jospin en 2001 qui a permis d’initier le début d’une reconnaissance officielle de la déportation homosexuelle.

C’est pourquoi, le Mémorial de la Shoah, en tant que musée et premier centre de recherches européen sur les génocides, se devait en 2021, de présenter au public une exposition sur ce thème qui explique  la politique et l’attitude des nazis à l’encontre des homosexuels dans le cadre de leurs théories raciales.

Cinq questions à Florence Tamagne, commissaire de l'exposition

  • Pouvez-vous nous expliquer la réflexion et les enjeux autour du titre de l’exposition Homosexuels et lesbiennes dans l’Europe nazie ? 

L’exposition entend rendre compte des persécutions dont ont été victimes les personnes homosexuelles sous le régime nazi. Il a paru essentiel, même si les homosexuels ont été particulièrement visés, d’éclairer le cas des lesbiennes, souvent invisibilisées, et de montrer qu’elles ont pu subir, elles aussi, même si c’est de manière plus ponctuelle, une stigmatisation. Par ailleurs, il fallait rappeler que l’Allemagne ne fut pas le seul pays touché, mais que ces persécutions ont pu concerner, là encore à des degrés divers, des territoires occupés ou annexés par le Reich. L’inscription de l’exposition dans le temps long permet enfin de ne pas isoler la période nazie comme une parenthèse incompréhensible, mais de montrer qu’elle s’inscrit dans une longue histoire de répression de l’homosexualité en Europe.

 

  • Comment s’est construit dans le temps le témoignage des persécutions envers les homosexuels et les lesbiennes depuis la Shoah ?

Au lendemain de la guerre, rares sont les homosexuels à témoigner du sort qui fut le leur sous le régime nazi, même si certains témoins, comme Eugen Kogon (L’État SS, 1946), évoquent la présence des triangles roses dans les camps, et si des revues homophiles y font allusion. C’est qu’en Allemagne les homosexuels se voient non seulement nier le statut de « victimes du nazisme », mais ils sont toujours susceptibles d’être condamnés au titre du §175 du Code pénal, qui punit les relations sexuelles entre hommes. Il faut attendre les années 1970 pour que le sujet soit ouvertement débattu, sous l’influence des mouvements de libération gay et lesbien. Le témoignage d’Heinz Heger (1972), triangle rose autrichien, fait date, comme plus tard, en France, celui de Pierre Seel (1994).

 

 

  • Cette exposition s’inscrit dans un processus mémoriel long. Qu’illustre-t-elle de la reconnaissance de ces histoires singulières ?

La reconnaissance s’est faite par étape, d’abord sous la pression des associations homosexuelles, qui font du triangle rose un symbole des luttes LGBT, dans un processus de réappropriation du stigmate, à la manière d’Act Up par exemple. À partir des années 1980, les publications scientifiques sur le sujet sont plus nombreuses et une reconnaissance institutionnelle s’amorce, avec des monuments, des plaques mais aussi des gestes forts, comme le vote, en 2002, par le Bundestag, de la réhabilitation des hommes condamnés au titre du §175 durant la période nazie, ce qui ouvre la voie à leur indemnisation, souvent posthume hélas.

 

  • Quelles furent les différentes formes de réaction à ces persécutions ?

Pour les homosexuels et lesbiennes allemands, l’arrivée d’Hitler au pouvoir se traduisit par un retrait dans la sphère privée, alors que leurs lieux de rencontre étaient fermés, leurs journaux interdits et les mouvements militants dissous. Certains choisirent l’exil ou contractèrent des mariages blancs, à la manière de Klaus et Erika Mann. Une majorité des lesbiennes échappa à la répression, à condition de rester discrètes et de se conformer aux normes de genre en vigueur. L’exposition évoque certains parcours exceptionnels, comme celui de l’artiste juive Gertrude Sandmann qui échappa en 1942 à la déportation en simulant son suicide, et qui survécut grâce à l’aide d’une famille communiste, puis de son amante.

 

  • Qu’espérez-vous apprendre ou faire comprendre aux visiteurs avec cette exposition ?

En montrant l’ampleur des persécutions nazies, mais aussi la richesse des subcultures gay et lesbienne qui existaient déjà au début du XXe siècle, l’exposition répond à un enjeu de mémoire. Il y a aussi un enjeu scientifique, car il faut lutter contre les contre-vérités qui continuent parfois de circuler, par exemple sur la situation française. Il y a enfin un enjeu pédagogique, car cette histoire reste encore largement ignorée du grand public et notamment des jeunes générations. L’exposition nous invite de fait à la vigilance, alors que la lutte contre les LGBTphobies reste d’actualité tant à l’échelle nationale que mondiale. D’où l’intérêt que cette exposition se tienne au Mémorial de la Shoah qui a fait de la lutte contre le retour des haines l’un de ses objectifs.

Bibliographie

Découvrez la bibliographie sur l’exposition « Homosexuels et lesbiennes dans l’Europe nazie » , par Florence Tamagne. 

 

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